Je consulte un chirurgien car j’ai un tendon de la coiffe déchiré (rompu). Vais je devoir me faire opérer ?
Toutes les ruptures de coiffe ne sont pas opérées ! Il faut savoir qu’une rupture de coiffe (en particulier du supra-épineux) est fréquente à partir de 50 ans mais souvent asymptomatique.
Dans la plupart des cas il s’agit plus d’une usure progressive du tendon (et non une rupture), cette usure n’est pas douloureuse mais elle favorise l’accumulation d’inflammation dans l’épaule (la tête humérale rentre en conflit avec l’acromion).
La chirurgie (dans ces cas d’usure initialement bien tolérée) n’est proposée qu’en dernier recours. En revanche une rupture traumatique de la coiffe des rotateurs chez un patient jeune et actif est une indication de réparation rapide.
Faire la différence entre une usure décompensée et une rupture récente est difficile et demande de l’expérience…
Ai-je mal à l’épaule parce que mon tendon est déchiré, rompu ?
Dans la plupart des cas il s’agit plus d’une usure progressive du tendon (et non une rupture), cette usure n’est pas douloureuse mais elle favorise l’accumulation d’inflammation dans l’épaule.
Dans certains cas la douleur est liée à la rupture, essentiellement en cas de traumatisme et notamment lorsque le tendon long biceps n’est plus maintenu par les tendons de la coiffe des rotateurs (sous-scapulaire notamment) et est luxé ou subluxé.
Pourquoi ai je mal à l’épaule au repos ou la nuit alors que je peux forcer avec durant la journée ?
Ces manifestations douloureuses sont typiquement « inflammatoires » ce qui confirme le raisonnement.
Des manifestations douloureuses à l’inverse « mécanique » apparaitrait à l’utilisation de l’épaule (et seraient du coup plus directement liées à la rupture tendineuse).
Puis je me faire infiltrer l’épaule en cas de tendon rompu ?
Comme nous l’avons vu dans une autre réponse, les douleurs sont le plus associées à la présence d’inflammation dans l’épaule (tendon et bourse sous-acromiale en particulier, long biceps etc…)
De la même façon que le travail de rééducation, une infiltration est une méthode très efficace pour diminuer l’inflammation.
Attention : la cortisone utilisée durant une infiltration a tendance à fragiliser les tendons donc n’est pas recommandée si une réparation chirurgicale de la coiffe est possible (surtout la reproduction d’infiltrations).
Après une chute, mon échographie conclut à une rupture de la coiffe, est ce grave ?
Il s’agit en effet d’un motif fréquent de consultation !!
Tout d’abord toute épaule traumatisée a le droit d’être douloureuse sans forcément que les dégâts soient graves …
Le bilan d’une épaule traumatisée doit comporter au minimum des radiographies standards et une échographie de la coiffe des rotateurs.
C’est souvent à la lueur de ces résultats que l’inquiétude grandit car elle atteint également votre médecin traitant !!
Plusieurs précisions :
– Une intervention de réparation de la coiffe n’est jamais posée sur les conclusions seules d’une échographie, un examen plus poussé (arthroscanner le plus précis ou bien arthro-IRM voire IRM) doit d’abord confirmer cette rupture, définir sa taille, son caractère récent et l’absence de contre indication à une réparation (dégénérescence musculaire graisseuse notamment)
– en général est diagnostiquée une rupture ancienne “dégénérative” du tendon (= usure), que l’accident a permis de découvrir ou bien a pu aggraver… La patience, le repos (sans immobilisation durable !!) et la rééducation sont souhaitables et permettent de distinguer les épaules pouvant récupérer comme avant de celles qui resteront invalidantes ou douloureuses.
-Les ruptures traumatiques vraies de la coiffe chez le sujet jeune et actif constituent d’authentiques indications opératoires de relative urgence car l’épaule s’adapte moins à la rupture qui se rétracte parfois vite et les possibilités de réparation parfaite des tendons diminue plus rapidement avec le temps…
Peut on me garantir le résultat en réparant le tendon ?
Refixer le tendon n’est pas toujours possible en dépit des examens complémentaires (IRM, arthroscanner) réalisés avant l’opération en cas de rupture très rétractée ou de tendons très abîmé…
De plus on répare des tendons fragiles (« d’occasion » !!, les pièces de rechange neuves n’existent pas !!!).
Cependant en cas de bonne fixation à l’os du tendon, la cicatrisation définitive du tendon dépend de nombreux facteurs annexes :
Facteurs défavorables à la cicatrisation :
-Tabagisme ++++ (c’est désormais prouvé, fumer équivaut à se tirer une balle dans le pied quand on veut marcher !!)
– Diabète et autres co-morbidités
– usure et « délamination » des tendons
– pratique d’activités très sollicitantes au niveau des épaules en force
Pour conclure votre chirurgien pourra certainement vous préciser comment il voit se passer techniquement la fixation tendineuse pour le reste beaucoup de facteurs rentrent en jeu …
Une réparation des tendons de la coiffe garantit elle de me resservir normalement de l’épaule ?
Réparer la coiffe des rotateurs est la meilleure garantie possible pour se resservir normalement de son épaule, mais le résultat définitif est souvent long à acquérir et la pratique d’activités sollicitantes peut rester gênante.
La réparation de la coiffe est également la meilleure garantie que la coiffe ne continue pas à se détériorer avec le temps.
Cependant , il faut distinguer la réparation tendineuse (= acte chirurgical) de la cicatrisation définitive du tendon avec l’os (objectif de la réparation).
Combien de temps et comment serai-je immobilisé après une réparation de la coiffe ? Quand puis je conduire ?
Il faut compter sur 4 semaines de repos (plus ou moins strict) du membre opéré. Une consultation à un mois est prévue afin de refaire le point avec votre chirurgien et sevrer l’immobilisation et commencer la kiné active.
Nous utilisons deux types d’immobilisation, l’une coude au corps (« Dujarrier » ou écharpe contre-écharpe) et un coussin d’abduction (« rouleau ») qui n’excède en général pas 30 degrés d’écartement du bras par rapport à la verticale. Cette position évite de trop forcer sur la réparation tendineuse mais peut être inconfortable surtout si mal positionnée…
On considère que la fragilité des tendons réparés dure 6 semaines, il n’est donc pas possible (et recommandé) de conduire avant ce délai de 6 semaines (soit 2 semaines après le début de la kiné active) également pour raison de sécurité routière et en cas de suites opératoires simples.
Quand puis-je re-forcer avec le bras ? Quand puis-je refaire du sport ?
Pas avant 3 mois pour les activités peu sollicitantes des épaules, en cas d’activités en force sur les épaules ce délai est doublé et passe ainsi à 6 mois.
Pas avant 3 mois pour les sports peu sollicitants des épaules, en cas d’activité en force sur les épaules ou sports de contact ce délai est de 6 mois.
Quelle sera la durée de mon arrêt de travail ? Pourrais-je retravailler comme avant ? Que faire sinon ?
Pour un travail sédentaire (bureau, informatique, téléphone, relationnel etc …) l’arrêt peut être court (quelques jours à 15 jours le temps de la cicatrisation cutanée) mais est bien souvent ramené à 6 semaines si il vous est nécessaire de conduire pour aller travailler (pas d’alternative).
Pour un travail moyennement sollicitant, comptez 3 mois afin de pouvoir vous resservir correctement du membre (notamment au dessus de la tête).
Pour un travail manuel lourd la reprise n’est pas souhaitable avant 6 mois sous peine de favoriser la non cicatrisation tendineuse. Il n’est malheureusement pas toujours possible de reprendre un tel travail, aboutissant à une inaptitude et un reclassement professionnel (au sein de l’entreprise ou après licenciement). Dans ce cas la reconnaissance d’un statut de travailleur handicapé peut permettre d’accéder à des formations de reconversion et en théorie permet d’accéder à des postes protégés au sein des entreprises. Pour les personnes relevant du régime général un médecin conseil suit généralement la convalescence et donne son avis sur la justification ou non de poursuivre les indemnités journalières.
Y a t il un risque que les tendons recassent après l’opération si je force beaucoup sur l’épaule ?
Malheureusement oui …
La cicatrisation définitive n’est jamais assurée si on force toujours beaucoup sur l’épaule opérée (surtout avant 6 mois).
Beaucoup de facteurs interagissent durant la cicatrisation (certains demeurent inconnus).
Fort heureusement dans la plupart des cas la situation est bien tolérée ne mène pas toujours à une réintervention.
Pourquoi faire de la kiné alors que je consulte pour un tendon déchiré ?
L’inflammation est la principale cause douloureuse dans les épaules présentant une usure de la coiffe, en particulier parce que l’absence de tendon de la coiffe favorise la montée de la tête sous l’acromion donc le conflit avec cet os.
Il paraît logique de tenter de la faire diminuer (voire disparaître).
La kiné, par un travail de rencentrage de la tête humérale (décoaptation) est à même de limiter la montée inéluctable de l’os du bras (tête humérale) sous l’acromion (partie de l’omoplate réalisant le plafond osseux au dessus de la coiffe) qui explique le frottement de la coiffe donc l’inflammation.
comment fait on pour réparer un tendon de la coiffe ?
Réparer un tendon de la coiffe consiste à le re-fixer sur l’humérus au niveau de sa tuberosité (tubercule osseux) où il est normalement accolé (inséré).
Il est nécessaire d’utiliser des systèmes d’ancrages (appelées donc « ancres » mais ressemblant à des vis) ou bien utilisant le passage de fils de suture traversant l’os.
Ces fils ou ancres n’ont d’objectif que de maintenir le tendon durant la phase de cicatrisation tendineuse avec l’os, seule garantie que le tendon sera solidement et durablement fixé à l’os donc fonctionnel.
Je vais être opéré d’une rupture d’un tendon de la coiffe dans une dizaine de jours. Pourrais-je m’habiller normalement après cette intervention ? Serais-je obligé de garder l’attelle en permanence nuit et jour ?
il est difficile de vous donner des conseils concernant les suites opératoires sans connaitre l’importance des lésions ni le style de chirurgie qui va être effectué.
Je peux vous répondre qu’à la Clinique de l’Union, nos chirurgiens opèrent tous sous arthroscopie ce qui permet de s’habiller normalement (en respectant quelques consignes concernant le non travail des tendons suturés).
Il est possible d’enlever l’attelle mais en respectant un écart entre le bras et le corps si votre attelle est dite d’abduction. De manière générale, il faut éviter toute contraction des tendons suturés pendant le premier mois ce qui équivaut à éviter d’écarter activement le bras du corps.
Je tiens juste à dire que les consignes peuvent être très différentes d’une équipe à une autre ou suite à une chirurgie à ciel ouvert.